Comprendre l’Hypnose : la Régression

par | 30 Nov 2021

Comprendre l’Hypnose : La Régression

Traumatisme, deuil, confiance en soi, burn-out,… :
Apaiser les blessures du passé

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Nota Bene : Disclaimer

Je souhaiterai avant tout préciser que cette série d’articles sur l’hypnose ne peut en aucun cas se substituer à une séance avec un HypnoThérapeute professionnel ! L’objectif est uniquement de vulgariser quelques concepts, et d’aider ceux qui en ont la curiosité, à mieux comprendre ce qu’il se passe dans une séance d’hypnose.

Pour fluidifier le propos, j’utiliserai parfois des généralisations, même si nous savons que chaque cas est toujours spécifique. Le terme thérapeutique est utilisé dans une logique d’accompagnement, pour aider les clients à aller mieux, il ne fait en aucun cas référence à un acte médical. Je prendrai des exemples issus de ma pratique pour rendre le propos le plus concret possible. Et enfin, le regard que je vous propose n’est basé que sur mes 25 années expérience dans l’accompagnement, mais ne se veut en aucun cas universel : je continue à apprendre tous les jours !

La régression : de quoi parle-t-on ?

Voilà bien un terme qui est souvent associé à l’hypnose. Combien de fois nous contacte-t’on en nous demandant si nous faisons de l’hypnose « régressive » ?

La question nous fait toujours sourire, car la régression, est une des techniques DE BASE de l’hypnose ! Alors je sais que certains associent « hypnose régressive » avec le fait d’entrer en contact avec des « vies passées », mais commençons par remettre l’église au milieu du village : qu’est-ce que la régression ?

Le Larousse nous donne pour la définition psychanalytique officielle : « Processus de l’organisation libidinale du sujet qui, confronté à des frustrations intolérables, fait retour, pour s’en protéger, à des stades archaïques de sa vie libidinale et s’y fixe en vue d’y retrouver une satisfaction fantasmatique. » ?!? Je sais pas vous, mais moi j’ai rien compris !

Heureusement, il donne aussi cette définition, plus accessible, que je vous propose de garder : « Retour à un stade antérieur du développement psychique. »

En hypnose, c’est exactement ce que nous faisons : nous aidons une personne à « remonter » dans son passé, se reconnecter à une situation qu’elle a vécue. Et quand je dis reconnecter, je veux dire complètement : l’image, le son, les odeurs, bref, toutes les sensations. C’est comme se projeter dans son passé, « revivre » complètement une situation que l’on a connue.

Régressions spontanées :

Mais les régressions ne sont pas spécifiques à l’hypnose. En fait, il nous arrive souvent de faire des régressions « spontanées ». Spontanées, car elles n’ont justement pas été déclenchées par l’accompagnement d’un praticien lors d’une séance d’hypnose.

Regardez par exemple deux amis d’enfance qui se revoient après une longue période. Ils entrent dans leur bulle, rient aux éclats et se comportent comme des enfants, même s’ils ont plus de 40 ans… Parfois ce sont de « mauvais » souvenirs, comme une chanson particulière qui peut faire s’effondrer en larmes et se prostrer, une personne qui aurait été victime d’agression alors que cette musique passait… Voyez, les régressions sont un phénomène naturel qui apparait souvent, même si on ne s’en rend pas toujours compte.

Il y a aussi les régressions spontanées lors des séances d’hypnose. Par exemple une personne qui vient nous parler d’une problématique, et tout d’un coup, l’émotion surgit, et la personne se retrouve replongée dans la situation qui est à l’origine du problème (souvent un traumatisme). Par exemple une jeune femme qui vient consulter pour faire le deuil d’un parent décédé quand elle était jeune enfant, et qui, en parlant de ce deuil se retrouve à avoir les pieds qui se balancent sur le fauteuil, avec une façon de s’exprimer qu’on attribuerait plus facilement à une jeune fille qu’à une jeune femme…

Souvent (je dirais même la plupart du temps), le praticien n’a même pas à « provoquer » la régression pour qu’elle survienne !

Régressions associées / dissociées :

Quand une régression survient, on peut la « revivre » de 2 manières très différentes.

Soit en étant associé à ce qu’il se passe (en fait on revit complètement la situation, les sensations et les émotions associées), comme si on était dans notre corps d’alors, dans la situation d’alors (et sans toujours réaliser que c’est la version de nous « d’aujourd’hui » qui retourne là-bas.)

Soit en étant dissocié, c’est-à-dire observateur de la situation. Cette fois-ci, on se sent plus distant des émotions, des sensations, et on a accès à la scène en tant que spectateur : on se voit agir.

Évidemment, quand il s’agit de traumatismes importants, on va éviter de retourner dans la scène traumatisante en étant associé. Ce serait prendre le risque de « retraumatiser » (cf. plus loin les limites de la régression), sans parler du fait que ce serait particulièrement désagréable pour la personne. Mais voilà, il y a les régressions spontanées… Et dans ce cas, c’est au praticien d’aider son client à sortir de cette situation, à la dépasser. D’où l’importance d’être bien accompagné pour faire ce travail (cf. Comment choisir son praticien) !

Régressions dans les « vies antérieures » :

Nous y voilà… Le sujet délicat ! Mais prenons les choses dans l’ordre, simplement.

Tout d’abord, convenons que la question des « vies antérieures » est une croyance. Certains y croient, d’autres pas. Et nous, en tant que praticiens, et bien, …, on s’en fout ! Car notre croyance ne doit EN AUCUN CAS interférer avec notre client, et ses croyances à lui (enfin sauf stratégie thérapeutique spécifique). Du coup, si notre client pense que cette douleur au dos qu’il a depuis toujours c’est un coup de poignard qu’on lui aurait donné dans une vie antérieure, et bien, … pourquoi pas, si cette croyance est utile pour l’aider à aller mieux. Comprenez que je ne prends pas position, peut-être a-t’il réellement été attaqué dans une vie précédente ! Ou bien s’agit-t’il d’une forme de projection de sa problématique dans un espace-temps différent qui la rend plus accessible, accessible pour en parler, et surtout, accessible pour la résoudre ! D’ailleurs peut-être que toutes les régressions sont des projections ?

J’ai eu un cas d’une cliente qui voulait faire de « l’hypnose régressive profonde », je ne savais pas ce que c’était, enfin, ce qu’elle voulait dire par là, alors après discussion, elle m’a dit vouloir faire de l’hypnose profonde pour faire une régression « compliquée » : savoir ce que les extra-terrestres qui l’on enlevée il y a 5 ans, ont fait comme expériences sur elle… Je vous avoue que sur le moment, j’étais prêt à refuser cette cliente, jusqu’à ce que je me rende compte que c’était ma croyance (que les extra-terrestres n’enlèvent pas les gens – ou peut-être même que les extra-terrestres sont là) qui s’exprimait. Du coup, je me suis dit, « on s’en fout », voyons-voir ce que ça va donner… Bon, je ne sais pas exactement, car elle n’a pas donné beaucoup d’éléments sur ce qu’il s’est passé pour elle, mais ça l’a transformée : son visage était plus détendu à la fin de la séance, plus lumineux, et elle m’a dit que maintenant tout était clair pour elle : les extra-terrestres lui avaient implanté un dispositif pour son bien, et qu’à présent, elle pouvait faire le bien autour d’elle… Plutôt que d’aller challenger sa croyance, on l’a utilisée pour l’aider à aller mieux !

Alors régression dans le passé, dans la petite enfance, dans l’utérus de sa mère (plus fréquent qu’on imagine), dans une vie antérieure, ou avec des extra-terrestres : qu’importe ! Utilisons les ressources de l’imaginaire de nos clients pour les aider à aller mieux !

Pourquoi faire des régressions ?

Les domaines d’utilisation de la régression sont très nombreux. Sans avoir d’étude sur le sujet, j’estime en me basant sur mon expérience et celle de mes collègues du Centre Hypnose, que près de 2 de nos séances sur 3 intègrent une, ou plusieurs, régression. C’est vous dire à quel point c’est un élément important et utile en hypnose thérapeutique !

De manière générale, on pourrait dire que c’est un outil idéal pour les problématiques biographiques (par opposition aux problématiques systémiques – ce sera l’objet un prochain article), c’est-à-dire les problématiques qui sont liées à un évènement du passé.

Pour donner quelques exemples : la régression sera particulièrement utile pour apaiser les traumatismes, les deuils, améliorer la confiance en soi, prévenir ou se remettre d’un burn-out, etc… 

On fait souvent la comparaison entre le corps et l’esprit.

Je crois en effet, que le corps et l’esprit ont de bien nombreux points communs.

Par exemple, le corps est très efficace pour gérer les petites blessures du quotidien. Comme les griffures, les petites écorchures, ou tout simplement les bleus (quand on se cogne contre un meuble par exemple). Le corps va réparer de lui-même, et en quelques jours, il n’y paraitra plus. On aura même oublié ces petites blessures !

Parfois, il y a des blessures plus graves, plus profondes. Ces blessures-là, elles saignent, et on va alors à l’hôpital, où ils vont nettoyer et recoudre la blessure. Dans quelques semaines, ça aura cicatrisé, et tout sera fini.

Notre esprit fonctionne de manière étonnamment similaire. Dans la vie de tous les jours, nous recevons aussi beaucoup de petites blessures émotionnelles, des mots qui blessent, des regards qui nous font mal, etc… On parle même parfois de bleus à l’âme…

Je crois que notre esprit sait très bien réparer ces petites blessures. En quelques jours, il n’y paraitra plus, et on aura peut-être même complètement oublié.

Oui mais il y a aussi les blessures plus profondes. Ces blessures, comme des traumatismes, qui nous touchent profondément. Sauf que ces blessures-là, elles ne saignent pas. Alors on ne s’en occupe pas, on ne va pas forcément chercher de l’aide pour les refermer, et leur permettre de cicatriser. Du coup, elles peuvent rester dans cet état pendant longtemps. Parfois, avec beaucoup de temps elles finissent par cicatriser, mais parfois elles n’y arrivent pas. D’ailleurs, quand quelqu’un (ou soi-même) appuie sur cette blessure émotionnelle (même sans le faire exprès), alors il y a une réaction émotionnelle très forte. Exactement comme si on appuyait sur une blessure qui est à vif…

Avec l’hypnose, ce que nous faisons, c’est appliquer comme un baume émotionnel sur la blessure, afin de lui permettre d’enfin se refermer. Et ce baume est d’autant plus efficace, qu’on l’applique au moment où il y a eu la blessure dans le passé : d’où la régression…

Il est important de noter que quand on utilise une régression pour apaiser une blessure du passé, nous ne changeons en aucun cas le passé du client. Le passé est notre histoire, il contribue à nous constituer. Ce que l’on change c’est l’impact émotionnel. La blessure une fois refermée ne fera plus mal, mais il en restera une cicatrice, la trace de ce qu’il s’est passé, mais si quelqu’un (ou soi-même) appuie sur cette cicatrice, cela ne sera plus douloureux.

Comment fait-on ?

Il y a plusieurs moyens de provoquer une régression.

La plus simple est d’aller chercher l’émotion qui est apparue avec l’évènement dans lequel on souhaite faire la régression. Exemple, une personne qui vient pour apaiser un problème d’agressivité envers son compagnon. On va chercher l’émotion qui apparait quand (voire juste avant) que l’agressivité apparaisse. Cette émotion (par exemple de la colère), elle n’est pas liée à la situation avec son compagnon. C’est comme si cette émotion venait d’ailleurs, du passé… On trouve souvent des émotions qui ne sont pas « au bon endroit »… Elles ne sont pas liées à la situation en cours, et on se rend bien compte qu’il y a autre chose en jeu…

D’ailleurs, en se focalisant sur cette émotion, on part souvent en régression spontanée.

L’autre approche fréquente de la régression est de faire des métaphores (que l’inconscient comprend très bien) et qui suggèrent d’aller à l’origine de la problématique.

Exemple, une personne qui manque de confiance en elle. Sous hypnose on va demander à parler à la partie qui s’occupe de la confiance en soi, et on va lui demander de nous connecter à la situation qui est à l’origine du manque de confiance en soi.

Bien sûr dans ces deux cas, l’hypnothérapeute va « stimuler » l’inconscient pour l’aider à partir en régression.

Par exemple :

Pensez à toutes les situations ou vous avez vévu ce manque de confiance en vous… Peut-être que vous pouvez réaliser ce qu’elles ont en commun. Un peu comme si, se rejouait quelque chose, quelque chose que vous connaissez bien, même si vous avez oublié que vous le connaissez bien. Votre inconscient, lui, ne l’a pas oublié. C’est comme si chacune de ces situations étaient reliées entre-elles, comme si elles étaient connectées. L’inconscient peut remonter ce lien, remonter le fil du temps, comme on remonte un fil conducteur, pour vous amener exactement là, où tout a commencé…

Limites de la régression :

Vous l’avez compris, la régression est un outil de base des séances d’hypnose qu’on utilise très souvent, voir plusieurs fois par séance. Pour autant, il faut rester vigilant, car l’hypnose peut ne pas être appropriée dans certains cas.

Tout d’abord, précisons que la régression n’est pas un outil pour stimuler la mémoire et accéder à des souvenirs enfouis. D’ailleurs, les informations obtenues sous hypnose en régression ne sont pas reconnues par les tribunaux comme élément de preuve (même si des techniques très proches sont utilisées par la police lors d’interrogatoires pour aider les témoins à mieux se rappeler – comme l’entretien cognitif).

Ce qui est remis en cause ici, c’est le contenu informatif de la régression, pas sa dimension émotionnelle ou symbolique. En d’autres mots, ce n’est pas parce que je me rappelle d’une maison bleue avec un portail blanc que cette maison et ce portail existent vraiment. La mémoire ne stocke pas les informations telles qu’elles sont, mais en fonction de l’importance que le cerveau leur donne (réseau de saillance et principe d’élagage synaptique). Et de plus, l’accès à un souvenir nécessite la recréation du souvenir dans le cerveau. Quant à la notion d’importance, elle est souvent corrélée à l’intensité de l’émotion. Or en séance d’hypnose thérapeutique, c’est l’émotion qui est notre guide pour trouver la solution qui permettra au client d’aller mieux. Autrement dit, quoi qu’il apparaisse dans la régression, on ne s’intéresse pas à la véracité ou pas du « souvenir », mais à l’émotion associée. C’est elle notre cible !

Et pour couronner le tout, on sait maintenant que l’on peut créer de toutes pièces de faux souvenirs, des souvenirs implantés. Ce sont des souvenirs dont les personnes sont convaincues qu’elles les ont vécues, alors que cela n’est jamais arrivé.

Et enfin, je voudrais parler des syndromes post-traumatiques. Quand quelqu’un a vécu une situation traumatisante, il peut être contre-productif (voir dangereux) d’envisager une régression qui va ramener la personne dans son trauma. Par exemple, imaginez une personne qui a failli se noyer. Elle s’est débattue dans l’eau, a coulé, et pendant quelques secondes elle a même perdu connaissance. Ce n’est que grâce au massage cardiaque et au bouche à bouche d’un secouriste qu’on a pu la sauver in extremis. Imaginez ce qu’il se passerait si elle se retrouvait en régression associée au moment où elle se noie… Votre HypnoThérapeute restera donc très précautionneux dans les cas de traumatismes violents. De plus, si la régression a lieu alors que le processus de guérison de ce trauma n’est pas enclenché chez la personne, il y a même risque de re-trauma. Un peu comme si on rouvrait une blessure qui commençait tout juste à cicatriser. Le temps joue un rôle important : on ne travaille pas sur un trauma de la même manière quand il est récent ou quand il est très ancien.

Quelles problématiques peuvent bénéficier de la régression ?

De nombreux sujets thérapeutiques peuvent bénéficier de la régression. D’ailleurs, une technique comme la régression n’est jamais utilisée toute seule, elle est souvent intégrée à d’autres techniques pour permettre l’accompagnement idéal dont le client a besoin.

D’une manière générale, tout ce qui ressemble de près ou de loin à une blessure du passé (biographique) bénéficiera de la régression.

Les traumatismes sont évidemment (avec toutes les précautions dont nous avons parlé) le sujet type que l’on aborde avec la régression. Je précise ici qu’un traumatisme n’est pas forcément quelque chose de violent. Il suffit que cela ait été perçu comme traumatisant par la personne au moment où elle l’a vécu. Par exemple, je me souviens d’un client qui manquait de confiance en lui, et dont l’origine était une simple chute (sans doute un peu acrobatique) dans la cour de son école quand il avait 5 ans. Il s’est fait un peu mal, mais surtout, tous ses petits camarades l’ont regardé en rigolant. Là, pour l’enfant qu’il était, quelque chose s’est cassé en lui, dans le rapport qu’il allait avoir avec les autres… Il faut toujours considérer le traumatisme avec les yeux de la personne que l’on était au moment où cela nous est arrivé. Pour l’adulte, une simple chute dans la cour d’école, ce n’est rien. Pour l’enfant c’était terrible !

Les deuils, le burn-out, … etc… sont des sujets que l’on adressera probablement avec une (ou des) régression(s).

En conclusion :

Voilà, vous en savez plus sur la régression. J’espère que cet article vous aura plu. Si c’est le cas, n’hésitez pas à le partager, car l’objectif est d’informer le plus grand nombre, de lever les mauvaises compréhensions et parfois mêmes les fantasmes autour de cet outil fondamental de l’hypnose, qu’est la régression.

A bientôt pour un prochain thème de : Comprendre l’Hypnose.

Merci de partager cet article pour qu’il soit utile au plus grand nombre.

Prenez soin de vous !

Bernard JOUVEL

HypnoThérapeute & HypnoCoach au Centre Hypnose – L’Hypnose pour aller mieux

Fondateur du Become Group – Développement du Leadership

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